Jean-Marc Moriceau (2014)
Vivre avec le loup ? 3000 ans de conflit
Paris, Taillandier.
Alors
que le loup recolonise l’Europe, la question de la « cohabitation » ne
se cantonne plus aux « espaces naturels ». Les régions de plaine sont
touchées. Au regard de l’histoire, le processus de « restauration » qui
s’effectue tient à l’inversion du statut de l’animal sauvage : jadis
« nuisible », le loup est devenu, à marche forcée, « strictement
protégé ».
Devant
ce retour inédit, les hommes se divisent, comme ils l’ont fait des
siècles durant pour chasser leur concurrent. Tandis que l’on hésite pour
trouver des compromis, le loup étend son territoire. Aujourd’hui il
place les sociétés humaines dans une situation inéquitable : une
minorité paie le prix des décisions prises en haut lieu. Frappés de
plein fouet, éleveurs et bergers protestent. La situation contraste avec
le temps où un consensus régnait entre villes et campagnes.
Dans cette situation d’urgence un état des lieux s’impose à la lumière du passé et du présent, en France comme à l’étranger. Du 9 au 12 octobre 2013, une rencontre a réuni pour la première fois historiens et sociologues, géographes et écologues, chercheurs et spécialistes, acteurs et victimes, témoins et observateurs. Elle s’est tenue à Saint-Martin-Vésubie dans les Alpes-Maritimes, site emblématique du loup. En voici les résultats qui interpellent les politiques et les opinions publiques. Vingt ans de recolonisation engagent les décideurs à tenir compte des réalités, après une réflexion contextualisée selon les territoires. L’homme et le loup ? Un contrat à renégocier.