Gisela Febel and Georg Maag (ed.) (1997)
Bestiarien im Spannungsfeld zwischen Mittelalter und Moderne
Tübingen, Gunter Narr. (ISBN: 3-8233-5176-1).
Les Bestiaires médiévaux ont eu une postérité parfois peu connue, et ce volume en éclaire plusieurs aspects (l'emblématique, Léonard de Vinci, Arreolas, Borges, Michaux). Les 17 textes qu'il rassemble s'organisent en deux sections: douze textes sous la rubrique "Du Moyen Age aux Temps Modernes", cinq autres autour du Bestiaire ou Cortège d'Orphée d'Apollinaire. Dans la première section, on retiendra ici quelques contributions intéressant les bestiaires médiévaux, et principalement les versions françaises: Martina Neumeyer, Bestiaires - Überlieferung in neuere Aktuualität (p. 15-28); Claudia Ortner-Buchberger, Das "gespiegelte" Bestiarium: Diskursive Strukturen und Redestrategien in Richart de Fournivals Bestiaires d'amours und der Response de dame (p. 29-39; Jean Maurice, La place du Livre des animaux de Brunetto Latini dans la tradition des bestiaires médiévaux(p. 40-47); Jean-Claude Mühlethaler, satire et Bestiaire. Figurativité animale et réécriture dans le Renart le Bestourné de Rutebeuf (p. 48-61); Cornelia Lund, Bild und Text in mittelalterlichen Bestiarien (p. 62-74). Seul ce dernier texte fait usage de manuscrits et, à vrai dire, il est plutôt léger. Sous un titre très général, l'a. s'intéresse en fait seulement à deux illustrations, celle de la sirène et de l'éléphant, dans deux mss enluminés (Berne, BurgerB, Bongars. 318 et Ofxord, BL, Ashm. 1511. Sur ce thème fort important du rapport entre texte et image dans les bestiaires, il existe de nombreux articles (entre autres ceux de X. Muratova), mais aucun n'est pris en compte. Quelques affirmations erronées appellent une correction. On ne peut affirmer, comme il est dit p. 63, que dans la plupart des Bestiaires illustrés, les miniatures ont été ajoutées a postériori dans des copies déjà écrites. C'est plutôt le contraire. La phrase qui suit cet énoncé porte également à faux: Eine Konsequenz der erst später eingeschobenen illustrationen ist natürlich auch, daß es sich stets um Eigeninterpretationen des illustrators handelt. C'est ignorer les nombreux travaux sur les filiations de motifs et sur les cycles illustratifs des Besiaires, qui ont justement montré la persistance des motifs. Du ms. Ashmole 1511, il est dit p. 68 qu'il est d'origine cistercienne. Ce n'est pas l'avis des auteurs qui ont étudié ce très célèbre bestiaire anglais. Commentant la miniature du chapitre De elephante dans ce ms., l'a. note que l'animal est rendu de façon bien peu réaliste, "alors qu'au XIIIe s., l'on avait pu voir pendant quatre ans un éléphant à la tour de Londres" (p. 70). Or, l'éléphant du roi Henri III, dont il doit s'agir ici, est arrivé à Londres en 1255, et le Bestiaire d'Oxford remonte aux années 1207-1210 (datation de X. Muratova). Enfin, à propos de la miniature de la sirène, l'a. écrit qu'elle tient en main une chalemie (eine Schalmei); il s'agit en réalité d'un peigne, conformément à l'iconographie courante de la sirène. Ce n'est donc pas pour cet article que l'on commandera le volume, par ailleurs fort avenant et intéressant. Notons encore l'article de Mechthild Albert sur la postérité du Bestiaire dans l'emblématique de la Renaissance.
Baudouin VAN DEN ABEELE